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Le Centre qatari pour le journalisme examine la crise de la presse au Yémen

  • التاريخ: 18 Jun 2025, 12:16 PM
  • Saeed Thabet : 2014 violations de la liberté de la presse en 10 ans
    Dr. Abdulrahman Al-Shami : Le journalisme de paix renforce la culture du vivre-ensemble
    Hadeel Al-Yemani : Les systèmes médiatiques au Yémen sont misérables et délabrés
    Mohammed Al-Qadhi : Des formations sont nécessaires pour les journalistes dans les zones de conflit
    Abdullah Al-Sulaiti : Nous cherchons à soutenir les journalistes partout et à enrichir la profession
    Sadiq Al-Omari : Le centre est prêt à documenter les expériences… et à organiser des formations pour protéger les journalistes

المركز القطرى للصحافة

Le Centre de la Presse du Qatar a examiné la réalité et les défis du journalisme yéménite lors d’un séminaire organisé dans la salle M. Nasser bin Mohammed Al Othman, en présence de S.E. M. Rajeh Badi, ambassadeur de la République du Yémen auprès de l'État du Qatar, ainsi que de nombreux journalistes, professionnels des médias, personnes intéressées par les affaires yéménites, représentants du Club des Journalistes Syriens et du public.

 

Le séminaire, intitulé « Le journalisme au Yémen… Défis de la réalité et opportunités pour la paix », a vu la participation de M. Saeed Thabet, directeur du bureau d’Al Jazeera au Yémen, du Dr Abdelrahman Al-Shami, professeur en communication à l’Université du Qatar, de Mme Hadeel Al-Yamani, journaliste à Al Jazeera et lauréate du Prix du Courage en 2017, ainsi que de M. Mohammed Al-Qadhi, correspondant de terrain et auteur du livre « Selfie de la guerre ». Le débat a été animé par le journaliste yéménite Abdel-Samad Darwish.

 

Le séminaire a débuté par un discours de M. Abdullah bin Hiyai Al-Sulaiti, vice-président du conseil d'administration du Centre de la Presse du Qatar, soulignant le rôle du centre dans la mise en lumière des enjeux liés au journalisme aux niveaux local, régional et mondial, notamment en soutenant les journalistes dans les zones de conflit et en enrichissant la profession à travers des formations spécialisées.

 

Des chiffres alarmants

M. Saeed Thabet a présenté des statistiques alarmantes publiées par le Syndicat des Journalistes Yéménites et la Fédération Internationale des Journalistes en avril 2024 :

 

2014 violations de la liberté de la presse documentées en 10 ans,

482 cas de détention (arrestations, enlèvements, poursuites),

46 assassinats de journalistes, dont 3 femmes,

244 agressions physiques,

223 menaces ou incitations publiques,

212 sites d’information bloqués,

175 procès et interrogatoires (dont 6 condamnations à mort),

74 cas de torture en détention,

165 médias fermés,

Salaires suspendus pour 125 journalistes,

41 licenciements abusifs,

72 interdictions de couverture médiatique.

 

Il a affirmé que le journalisme yéménite a payé un lourd tribut, perdant vies, voix et institutions. Il a décrit le journalisme comme une « ligne de front » où se croisent la répression politique et le chaos sécuritaire, ajoutant :
« Dans cette brutalité, il ne reste au journaliste que sa conscience professionnelle, qu’il transporte de la prison à l’exil. »

 

La vie des journalistes

Interrogé sur le rôle du syndicat dans la protection des journalistes, M. Thabet a indiqué que le Syndicat des Journalistes Yéménites reste la seule entité non divisée, membre actif de la Fédération Internationale des Journalistes. Bien qu’il ait été ciblé à Sanaa et Aden, il poursuit la documentation des violations, utilisant la pression internationale, malgré un manque cruel de ressources financières depuis 2013.

 

Le pain quotidien

Il a souligné que pour protéger le journalisme au Yémen, il faut :

Un réseau d’aide juridique et syndicale,

Un financement pour des médias indépendants et professionnels,

Des programmes de sécurité, de formation et de santé mentale,

L’intégration du dossier de la liberté de la presse dans les négociations politiques.

 

Situation actuelle du journalisme

Le Dr Abdelrahman Al-Shami a évoqué les efforts académiques de documentation de la presse yéménite, y compris l’étude de la satire, des discours de haine et de violence. Il a critiqué la polarisation journalistique, estimant que le journalisme peut être un facteur de paix s’il adopte des formes alternatives.

Il a mentionné la nécessité d’une « presse de paix » — concept né dans les années 1970 —, citant l’expérience du Rwanda comme modèle. Il a insisté sur l’importance de réformer la formation journalistique et d’intégrer cette presse pacifique dans les programmes académiques pour soutenir la réconciliation et la coexistence.

 

Les femmes journalistes yéménites

La journaliste Hadeel Al-Yamani a décrit son expérience comme axée sur les droits humains, les femmes et les enfants. Elle a souligné l’importance du soutien de la chaîne Al Jazeera dans sa protection et son travail, contrairement à ses collègues exposés sans ressources adéquates.

Elle a également distingué entre courage et témérité sur le terrain, notamment dans des zones comme Taëz, bombardées de toutes parts, expliquant l’importance des relations avec les acteurs militaires et sociaux pour assurer sa sécurité.

 

Des systèmes défaillants

Elle a décrit les structures médiatiques yéménites comme « défaillantes et délabrées », notant l’isolement des journalistes sans appui institutionnel. Elle a insisté sur la nécessité d’un plan de sécurité personnel et d’accords avec les acteurs armés pour éviter les risques.

 

Ciblage des femmes journalistes

Elle a dénoncé le ciblage croissant des femmes journalistes, autrefois épargnées par les traditions yéménites, et la pression des institutions médiatiques sur les professionnels. Elle a déploré l’absence de sensibilisation juridique et la mauvaise qualité des médias qui bafouent les droits des journalistes.

L’importance de la documentation

Le journaliste Mohammed Al-Qadhi a insisté sur la valeur des témoignages personnels dans le contexte yéménite, critiquant le manque de documentation qui conduit à répéter les erreurs du passé. Il a déclaré : « Si la liberté est absente de la parole, elle perd toute crédibilité. »

 

Un métier dangereux

Il a décrit le journalisme comme « un métier de risques », notamment en période de guerre civile. Il a évoqué les journalistes sortis de prison avec des séquelles graves, soulignant que les menaces visent aussi leurs familles.

 

Traité de traître

Il a affirmé que les journalistes sont souvent accusés de trahison et de collaboration, devenant des cibles prioritaires en temps de guerre. Il a dénoncé une guerre contre le journalisme visant à le réduire au silence au profit de la propagande politique.

Il a proposé au Centre de la Presse du Qatar de créer un Prix de la Presse pour la Paix, et de soutenir des formations pour journalistes dans les pays en conflit.

 

Un projet de documentation

Le séminaire s’est conclu par une intervention de M. Sadeq Mohamed Al-Omari, directeur général du Centre de la Presse du Qatar, annonçant que le centre est prêt à adopter tout projet de documentation présenté par les intervenants.

Il a aussi dévoilé un accord de coopération avec le Croissant-Rouge du Qatar pour former des journalistes dans les zones de conflit.

Il a rappelé que le centre œuvre pour le soutien des journalistes au niveau local, régional et international, à travers des partenariats et des échanges avec les syndicats et organisations de presse. Cette rencontre, selon lui, reflète la vision du centre visant à renforcer la liberté d’expression et à promouvoir les échanges entre professionnels, universitaires et décideurs.